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" Le marché de la PAC pourrait dégringoler, comme il l'a fait dans le passé, à cause de la chute du prix du fioul "


TARDY, Anne-Sophie | 6 mai 2020 | GENIE CLIMATIQUE MAGAZINE


Eric Bataille, président de l'Afpac, s'est confié à Génie Climatique Magazine sur ses craintes quant à l'incertitude du marché de la pompe à chaleur face au fioul dont le prix a considérablement chuté depuis le début de la crise sanitaire.


À la veille du déconfinement, quel est l'état des lieux du marché de la pompe à chaleur en France ?

Au niveau des industriels, nous avons travaillé fortement pour redémarrer nos usines au plus vite. Nous étions sur une tendance très positive avant le confinement, les niveaux de stocks et d’en cours de production de composants étaient très élevés, donc sans redémarrer une production importante, nous étions tout de suite capables de répondre à la demande. Sauf que, la demande n'a pas redémarré. Elle est restée extrêmement faible en mars et avril. Certains industriels ont même redémarré des usines pour les refermer derrière parce que la demande n'était pas là !
Même si les installateurs se sont remis globalement à travailler, cela reste très variable selon les régions. Le problème est donc de susciter à nouveau l'intérêt des Français, que la demande se réveille.

 

Comment expliquez-vous ce manque d'engouement ?

Il y a une très forte baisse du prix du fioul, ce qui n'incite pas les ménages à changer pour un équipement comme une PAC. D'autant qu'une chaudière fioul, si vous changez le brûleur ou le corps de chauffe, la machine repart pour plusieurs années, et c'est ce que nous craignons. Déjà dans les années 80 et en 2009, le marché de la PAC avait brusquement chuté, lié à la chute du prix du pétrole. Nous avons peur que l'histoire se répète.

Que proposez-vous pour redonner l'envie aux Français d'investir dans une pompe à chaleur ?

Il faut absolument que l’ensemble des ménages ait accès aux aides publiques, même les plus aisés. Nous comprenons bien la volonté gouvernementale d’aider les plus précaires, mais ce sont eux qui risquent de ressortir les plus affectés financièrement de la crise du Covid. Peut-être faudrait-il alors imaginer à nouveau une extension du CITE pour les ménages les plus riches, ou bien une bonification des CEE ?
Lors d'un entretien avec Elisabeth Borne, j'ai également demandé que les travaux sur la RE2020 ne soient pas reportés, et que l'obligation de chaleur renouvelable soit bien étendue à tous les type de bâtiments y compris en logements collectifs. Nous avons également demandé au ministère de la Transition écologique et solidaire que les PAC aérothermiques soient éligibles au Fonds Chaleur, au même titre que les PAC géothermiques. Cela permettrait d’accompagner le développement des PAC, notamment sur le marché des logements collectifs.

Comment continuer à développer le marché de la rénovation ?

En rénovation de chaudières fioul, la technologie des PAC hybrides est particulièrement adaptée mais insuffisamment connue. L'équipement est plus abordable du fait de la plus faible puissance de la PAC par rapport à une solution 100% thermodynamique de haute température. Ce choix sécuriserait les ménages par rapport au coût des énergies, tout en apportant la chaleur nécessaire dans les foyers. Ce discours reste, pour l'instant, politiquement peu audible.

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